La Vie dans le Labyrinthe

Si vous n’avez pas de direction claire dans laquelle aller, il est naturel que votre boussole personnelle devienne incontrôlable; futur, passé, intérieur, extérieur, en haut, en bas, côte à côte, moi, nous, vous, you, do you do you do St Tropez? Qui, moi, toi, quand, alors, pourquoi, pourquoi, dis-moi, pourquoi, et où, où suis-je censé aller ? Qu’est-ce que je suis supposé faire? Et c’est quoi le point putain?! Et tout d’un coup, tu frappes un mur pour te sentir mieux et tu te demande pourquoi encore.

Vous n’avez pas besoin d’avoir vécu dans la non-réalité pour savoir ce que cela fait d’être paralysé par ces questions. Il y a, je suppose, un certain réconfort, sachant que nous nous disputons tous avec des dilemmes existentiels, et parfois, si nous avons de la chance, il y a une oasis, un soulagement lorsque vous rencontrez un autre qui a clairement survécu au même.
C’est pourquoi les gens vont dans des groupes de soutien, pour partager des histoires de lutte similaires, et s’asseoir avec d’autres, pour se reposer, en sachant qu’ils sont en sécurité dans leur compagnie.

Et c’est pourquoi j’ai tendance à rester seul avec un livre ou un film.

J’aimerais penser que c’est parce que je veux que la compagnie de quelqu’un soit plus serein que ma solitude, mais la réalité est que je vis avec une base constante de paranoïa, et je vous voie tous comme un test de Turing à résoudre.

C’est épuisant de vivre ainsi.

Je ne veux pas, je, je, je ne veux pas…. veux pas…. Je ne veux pas, je ne veux pas me sentir comme un disque rayé, piégé dans des cycles de répétition, mais ce catalyseur cataclysmique et cosmique agit maintenant comme un épicentre de ma réalité, et je ne peux pas échapper à son orbite.
C’est terrifiant et éblouissant de s’être tenu au bord d’un abîme obsidienne, comme si on regardait directement l’iris de l’univers et qu’on le voyait vous fixer.
Avoir eu l’amnésie est, curieusement, inoubliable.
C’est devenu un point dans le temps et l’espace auquel je peux me comparer ; me voici maintenant, aujourd’hui, et voila c’est ce que j’étais, il y a seulement trois ans, une coquille vide d’identité.
Pendant un bref instant, mais très réel, je n’existais pas.
Et Eric s’en souvient.


Comme l’intro d’un jeu vidéo qui inclut le protagoniste, empêtré dans l’exposition, mais dont vous n’avez pas maîtrisé les fonctions motrices et qui doit encore se matérialiser dans le Monde simulé, c’est ainsi que j’ai ressenti mes tout premiers instants.
Mes yeux se sont ouverts après ce dont je me souviens être une sieste, et alors que le corps s’asseyait, j’ai été immédiatement frappé par l’émerveillement du mouvement. Mes mains sont apparues dans mon cadre visuel comme si c’était la première fois, et j’ai soulevé ces appendices, manipulé mes mains et mes doigts, comme le T-800 fixant son bras robotique après lui avoir arraché la peau dans Terminator 2 : Le Jugement dernier.
C’est mon premier souvenir; un passager émerveillé dans son propre véhicule, estomaqué par l’espace 3D devant lui, un environnement dans lequel je pouvais déplacer des choses d’un point à un autre, moi y compris.
C’était à couper le souffle.
Une pièce. Un cube. Coins et lignes droites avec une distance.
Et une porte, une passerelle vers plus de cubes, plus de zones à explorer.

Après cette sieste qui est allée trop loin, j’ai finalement récupéré suffisamment de morceaux de moi-même désintégré et je suis revenu à un semblant de ce que j’étais autrefois.
Mais ce n’est pas pareil…
Il y a un terme qui résume élégamment ce qui s’est passé ; Horror Vacui; un postulat Latin qui se traduit grosso modo par une « peur des espaces vides », une suggestion que la nature a horreur du vide. Lorsque mon corps s’est réveillé sans passager, ce vaisseau désormais vide a été inondé de quelque chose d’éthéré, et avec lui, a émergé une cohabitation complexe d’êtres multiples ; des souvenirs de qui j’étais autrefois, des simulations de ce que je pourrais devenir, le filtre existant entre les deux, et d’autres nouveaux invités déroutants, un écosystème conscient dans un écosystème conscient dans un écosystème conscient.
Il est temps que je partage avec vous ma blague préférée.
Que signifie le B dans Benoit B Mandelbrot ?
La réponse est Benoit B Mandelbrot.
Hilarant.
De toute façon…

C’est difficile à comprendre, et une tâche ardue, peut-être inutile, d’essayer d’expliquer, mais je fais de mon mieux, parce que “je” dois assumer la responsabilité de mes actes même si je ne sais pas qui contrôle la machine.

La méditation s’est avérée une technique utile pour calmer le chaos qui débordait juste sous la couche superficielle de ma peau, drainant mon énergie pour l’empêcher d’éclater. Cette pratique de la pleine conscience me permet de me positionner au milieu de toutes ces parties de moi tirées sur de multiples points, comme si j’étais un cadavre de Jackson Pollock étendu sur un système de coordonnées cartésien multidimensionnel, en utilisant non seulement les dimensions physiques de l’espace – longueur, largeur et hauteur – adoptant les traditionnels x, y et z pour ses axes, mais celui du temps, et peut-être plus.
Les yeux fermés et le métronome rythmique de ma respiration, je m’assieds dans l’obscurité silencieuse, et lentement, nous revenons au point 0, 0, 0, romantisant cela comme ayant roqué côté reine, afin que le roi puisse se reposer et contempler ce que c’est qu’ils est compris par un point de singularité.

L’entrée de journal de cette semaine ne va vraiment nulle part.

Mais peut-être que c’est le but. Parfois, il vaut mieux ne pas bouger et laisser les choses venir à vous.


La vie dans le labyrinthe a sa façon de nous garder perplexes et frustrés, mais comme l’a dit un jour Mitch Hedberg : « Si vous vous retrouvez perdu dans les bois, ben merde, construisez une maison. “Eh bien, j’étais perdu mais maintenant je vis ici! J’ai considérablement amélioré ma situation!”»

Si vous aimez les échecs, je joue régulièrement sur twitch, parlant et alternant en anglais et en français, partageant ce que j’apprends au cours de la semaine et répondant à toutes vos questions. Trouve-moi; EricTheEyeKing.

Un grand merci à Megan et Kathryn pour “m’avoir acheté une pizza” sur ma page de dons. J’apprécie votre soutien, pas seulement financier, mais les mots d’encouragement, et sachez qu’aujourd’hui j’ai mangé des ailes d’oiseau en regardant du football américain, et c’était délicieux et j’ai pensé à vous, alors merci. https://www.buymeacoffee.com/Lampaert


Merci à tous d’avoir lu.

Gros bisous,

Votre pote,

Lamps.